MAINTENANCE EN RÉGIONS tion de type photogrammétrique 1 afin de permettre un traitement de données ayant pour objectif de reconstruire l’ouvrage dans un modèle numérique tridimensionnel et à haute résolution. Azur Drones nous a proposé à cette occasion la mise en œuvre d’une caméra spécifique de très haute résolution pour répondre à notre besoin de grande précision. Nous n’avons pas confié la tâche de traitement de données et de reconstitution de l’ouvrage à Azur Drones (bien qu’ils proposent ce service) car nous souhaitions mettre en œuvre des processus spécialement développés par notre R&D. Le drone utilisé lors de la mission dans la centrale de Porcheville. ©DR M&E : POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI AZUR DRONES ? T.R. : Azur Drones figure parmi les titulaires retenus par EDF pour la reconnaissance visuelle par drones. Elle a été sélectionné pour sa capacité à répondre à nos besoins ainsi que la gestion d’interventions en toute sécurité et le respect des démarches réglementaires. M&E : QUELS ÉTAIENT VOS CRITÈRES POUR LE CHOIX DE L’ENTREPRISE ? T.R. : Sur l’intervention de Porcheville, nous avions fixé des objectifs en termes de qualité des photos et de taux de recouvrement (pour le traitement de photogrammétrie, un objet doit être près d’une dizaine de fois de différents points de vue). D’autres critères importants entrent en ligne de compte comme : la sécurité de l’intervention, le respect de la règlementation, et la prise en compte des risques industriels sur lesquels nous intervenons. À ce titre, nous exigeons une redondance de matériels pour assurer la réussite de l’intervention. 1. Technique permettant de déterminer les dimensions et les volumes des objets suite à la reconstitution 3D de ceux-ci à partir du traitement des photographies acquises en grand nombre avec de forts taux de recouvrement montrant les perspectives de ces objets. M&E : COMMENT LA MISSION D’INSPECTION DE LA CHEMINÉE DE LA CENTRALE DE PORCHEVILLE S’EST-ELLE DÉROULÉE ? QUELLES ÉTAIENT LES PROBLÉMATIQUES ? QUELS ONT ÉTÉ LES RÉSULTATS ? T.R. : La cheminée de la centrale de Porcheville est un ouvrage de grande hauteur et nous avions besoin d’une résolution très importante de l’ordre du millimètre sur chaque pixel. Ce niveau de détail nécessite une très grande proximité avec l’installation. L’usage d’un drone de très petite taille par rapport à l’ouvrage nécessite la prise en compte des conditions aérologiques. L’ouvrage peut également créer un effet de masque qui entraîne des perturbations des signaux GPS. Par ailleurs, des charpentes métalliques présentes en grand nombre créent des perturbations des compas magnétiques utilisés par les drones pour ajuster leur vol. Azur Drones a ainsi proposé l’emploi d’un drone équipé d’un capteur Phase One avec une résolution de 200 mégapixels. Du fait de sa haute résolution et de l’utilisation d’une focale optique adaptée, il a été possible d’augmenter la distance entre l’ouvrage et le drone tout en atteignant le niveau de qualité souhaitée sur les photos. Pour corriger les problèmes de perturbation, à chaque démarrage de vol, Azur Drones a dû réajuster les plans de vol par rapport aux positions GPS renvoyées par le drone. L’acquisition a pu être réalisée en deux jours. S’il fallait se comparer à la méthode employant des moyens traditionnels et l’intervention de cordistes, l’intervention aurait été bien plus longue (plusieurs semaines) et la mesure n’aurait pas été exhaustive. Les photos auraient été prises ponctuellement sans possibilité de contrôler à postériori les zones non photographiées par les cordistes. Un des avantages du drone est qu’il y a un report des risques d’intervention sur les matériels et non plus sur les personnes. M&E : QUELS AUTRES GAINS AVEZ-VOUS OBTENU AVEC CETTE OPÉRATION ? T.R. : Outre les gains techniques déjà évoqués, quand le traitement est réalisé par des entreprises spécialisées dans le domaine du contrôle génie-civil, le budget d’intervention est à peu près équivalent par drone ou par moyens humains. L’emploi d’un drone permet de réduire la durée de l’intervention et par conséquent, l’impact sur les activités de l’installation pouvant impacter la production électricité. Cependant, il peut y avoir des gains indirects. Si nous faisons intervenir ces sociétés sur les ouvrages, nous sommes parfois obligés d’arrêter l’exploitation. La réduc- 30 IMAINTENANCE & ENTREPRISE • N°653 • Mars - Avril - Mai 2019
MAINTENANCE EN RÉGIONS tion des temps d’intervention entraîne des gains indirects car l’ouvrage sera mis moins longtemps en indisponibilité de production. Cela peut être significatif en fonction des installations inspectées. M&E : SUR QUELS POINTS FAUT-IL ÊTRE VIGILANTS ? T.R. : Pour le groupe EDF, la sécurité de l’intervention passe avant toute chose. De plus, afin d’atteindre les résultats escomptés, il est nécessaire de faire un contrôle qualité tout au long de l’intervention. « L’un des avantages du drone : il y a un report des risques sur les matériels et non plus sur les personnes. » M&E : QUELS USAGES DU DRONE SONT-ILS LES PLUS FRÉQUENTS CHEZ EDF ? D’une manière générale, nous inspectons principalement le génie civil des installations (nombreux ouvrages en béton : aéro-réfrigérants, parements de barrages…). Nous utilisons également les drones pour faire de la reconnaissance visuelle dans des zones difficiles d’accès. Au Centre de Compétences Drones, nous préparons également l’avenir, et la grande diversité d’usages qu’il implique : des photos standards, des relevés morphologiques avec des lasers comme des Lidars 2 et bien d’autres typologies de mesures.● Propos recueillis par Valérie Brenugat ©DR La surveillance d’une digue à Sisteron par un drone. 2. Appareil qui émet un faisceau laser et en reçoit l’écho, permettant de déterminer la distance d’un objet. MAINTENANCE & ENTREPRISE • N°653 • Mars - Avril - Mai 2019 I31
Loading...
Loading...
Loading...
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux
LinkedIn
Twitter
Facebook