Maintenance & Entreprise n°630

Outils de mobilité

Outils de mobilité Expertise > Une démarche spécifique Quelles sont les conditions d’un projet de mobilité réussie ? Nous avons recueilli le témoignage expert de Vincent Gosselin, responsable « produits & testing » de l’outil de GMAO mobile Coswin Nom@d. La GMAO est aujourd’hui un outil banalisé des services de maintenance. Mais le marché est-il mûr pour les nouvelles applications mobiles ? En matière de maturité du marché à l’égard des outils de mobilité, on constate, à travers les appels d’offre qui nous sont soumis, que la possibilité d’utiliser un logiciel gmao sur des outils de mobilité figure désormais quasi systématiquement parmi les options demandées. Même si elles ne sont pas destinées à une mise en œuvre immédiate, les solutions de mobilité sont aujourd’hui intégrées dans le cahier des charges et le prestataire qui ne pourra y répondre, qui ne pourra pas proposer de solution sera écarté. Les clients exigent donc une solution évolutive qui puisse être dotée d’une extension vers des utilisations en situation de mobilité. Encore faut-il bien définir ce que l’on entend par mobilité. Les utilisateurs ont été habitués à utiliser des smartphones qui depuis quelques années se sont répandus dans la vie quotidienne, et ils ne comprendraient pas de ne pas avoir les mêmes usages et de ne pas retrouver les mêmes fonctionnalités dans leur pratique professionnelle. Naguère le maintenancier partait en intervention avec son crayon et son carnet et retranscrivait son compte-rendu à son retour. Aujourd’hui, il souhaite pouvoir tout faire immédiatement sur place, intervention et rapport, pointage des heures ou encore recherche d’informations… Nous considérons que la mobilité est donc parfaitement une extension naturelle de l’outil GMAO proprement dit, un outil mis à la disposition permanente du technicien de maintenance dans ses déplacements. Il ne s’agit aucunement d’une GMAO en réduction, d’une mini GMAO. Comment se sont développées les solutions de mobilité ? Cela fait bien une quinzaine d’années que Siveco a élaboré des solutions de mobilité. A l’origine, la solution s’adressait essentiellement à la gestion des stocks : il s’agissait d’éviter de faire une double saisie lors des inventaires ou de la gestion des entrées et sorties de références. Dans ce cas de figure, l’opérateur procédait par exemple à la lecture d’un code à barres sur les équipements, outils ou matériels du stock, puis il procédait à la mise à jour de la base de données. La procédure était alors en mode déconnecté. Aujourd’hui au contraire, le concept de mobilité s’entend aussi en mode connecté, interface graphique etc. Et le périmètre d’utilisation a également évolué. En remplacement de ces solutions « historiques », notre solution Coswin Nom@d vient aujourd’hui équiper les opérateurs de maintenance eux-mêmes, en situation d’itinérance. Ce qui est rendu possible par les infrastructures modernes de communication qui n’existaient pas auparavant. La baisse des coûts des accès aux réseaux et des connections a rendu possible la diffusion et la vulgarisation des nouvelles technologies de mobilité. La facilité d’usage liée à la baisse des prix ont favorisé l’accessibilité à ces solutions dont on ne peut plus se passer quand on les a une fois utilisées. Difficile de revenir à la cabine téléphonique quand on a utilisé un portable ! Quels sont les freins à la généralisation de ces solutions mobiles ? Les problématiques sont essentiellement liées à la disponibilité et à la qualité des infrastructures réseaux. Les connections WiFi ou les accès 3G sont parfois fortement altérées en environnement industriel… Mais nous avons les compétences pour lever ces freins, par exemple en intervenant en amont des projets avec les administrateurs de réseaux. Dans notre approche avec Coswin Nom@d, nous intégrons parfaitement ces données de communication car nous ne nous contentons pas de fournir un outil : nous nous assurons du bon fonctionnement de l’ou- 32 Juin 2013 – N°630

Outils de mobilité til à travers un accompagnement complet dans la mise en œuvre du projet global. Il convient de bien être conscient que la solution mobile n’est pas une GMAO en raccourci. C’est un outil différent. Sa mise en place impacte l’organisation car elle entraîne une autre perception, une approche nouvelle. Il n’est pas raisonnable de doter un téléphone portable d’un annuaire complet, de la même façon les informations embarquées doivent être pertinentes dans un cadre donné et pour satisfaire à des besoins définis. La façon d’organiser les données et les informations sera différente sur un PDA ou un Smartphone que sur ce que fournit une GMAO traditionnelle. La GMAO est un référentiel global intégrant l’ensemble des données, accessibles à tous les utilisateurs mais selon une gestion de droit d’accès particuliers. Dans une solution nomade, seules les solutions utiles et pertinentes pour tel utilisateur seront embarquées sur son outil. C’est là que sont importantes les notions de connectivité (est-on en mode connecté, déconnecté ou mixte ?) et d’administration (quelles informations sont nécessaires à l’opérateur pour remplir sa fonction ?). Il faut prendre en compte aussi bien la disponibilité des infrastructures que l’activité de l’entreprise et la façon de travailler des collaborateurs. Quels sont les questions à prendre en compte dans l’élaboration d’un projet de mobilité ? Le choix du type de matériels retenu est important. Ainsi une organisation ayant des exigences fortes en matière de sécurité, soumis à une habilitation Défense par exemple, rejettera sans doute une application sous Androïd… car il va s’avérer complexe de corriger les paramètres d’une solution nativement conçue pour une connexion ouverte. Autre cas de figure, dans des environnements difficiles on devra sans doute privilégier des équipements durcis. Parfois il faudra également que la solution s’adapte à des applications déjà installées sur les outils… Il faudra ainsi envisager le mode de connexion, la façon dont les données sont initiées sur le matériel puis mises à jour, le mode de synchronisation etc. Et naturellement le paramètre du prix aura son importance, en relation avec le nombre d’utilisateurs qui devront être équipés. Des terminaux durçis n’ont pas le même coût que de simples portables. L’exigence d’intégration de la GMAO au système d’information de l’entreprise joue également un rôle important. Le temps n’est plus où la GMAO était la seule application sur micro-ordinateur, indépendante et parfois ignorée de la DSI de l’entreprise centrée sur un AS400... Aujourd’hui les systèmes sont interconnectés et doivent répondre à des procédures de sécurité spécifiques. Un service informatique externalisé ou délocalisé posera d’autres contraintes dans la mise en œuvre du projet avec des tiers. Quelles difficultés peut rencontrer l’utilisateur ? L’apprentissage de Coswin Nom@d est très intuitif. La problématique de prise en main ne se situe donc pas au niveau de l’interface mais plutôt au niveau de l’organisation à mettre en place : faire un état des lieux, définir les objectifs du projet, réaliser une étude technique sur l’infrastructure… L’application a été conçue pour une intégration aisée en s’appuyant sur les fonctionnalités de la GMAO Coswin. La personnalisation des écrans (renommer les champs etc.), l’utilisation de filtres utilisateurs qui sont réalisés depuis Coswin pourront parfaitement être étendues à l’application Nom@d. Dans tous les cas, la technologie doit s’adapter à l’organisation et à l’activité. Ainsi on ne pourra exiger des personnels itinérants comme les maintenanciers d’autoroute de revenir synchroniser leur outil lors de leurs déplacements… Quels sont aujourd’hui les secteurs les plus demandeurs et que leur apporte ces applications ? Par définition, les premiers utilisateurs des solutions mobiles sont les personnels itinérants comme les techniciens des services de dépannage et d’aprèsvente mais aussi les personnels des entreprises de prestations de maintenance qui sont amenés à réaliser des interventions sur plusieurs sites clients. L’application nomade sur Smartphone permet de satisfaire à des exigences de réactivité bien plus grande que les anciens « Bip ». L’autre grand avantage est la possibilité de disposer, sur le terrain, d’informations complémentaires utiles pour mener à bien une intervention sur site. Propos recueillis par Jean-François Romain Juin 2013 – N°630 33