Maintenance & Entreprise n°626

Maintenance Tertiaire retour d'experience Entreprise audiovisuelle > Garantir une disponibilité sans compromis Une entreprise de télédiffusion est comparable à usine dont les équipements doivent être susceptibles d’assurer une production en continu. A côté des équipements de confort et de sécurité, la maintenance des installations de process obéit à un seul mot d’ordre : éviter toute coupure d’antenne ! Tour emblématique des bords de Seine à une encablure de la tour Eiffel, le site de la première chaîne de télévision française s’étend sur près de 75 000 m 2 , sur trois bâtiments autour d’un patio intérieur où 3 700 personnes se croisent chaque jour. Ce groupe d’immeubles a été conçu à l’origine pour des activités tertiaires classiques et ses équipements dimensionnés pour un fonctionnement en horaires habituels de bureau : dès les premières années de nombreux aménagements ont dû être entrepris pour répondre aux impératifs d’une utilisation 24h/24h et des besoins étendus en énergie et climatisation. Le site est classé ERP (recevant du public) et l’un des bâtiments est IGH (immeuble de grande hauteur), ce qui impose d’autres contraintes, notamment réglementaires. Au sein de la direction des affaires générales de TF1, qui regroupe une cinquantaine de personnes , le service de la maintenance technique des bâtiments gère tous les équipements du site liés aux infrastructures, soit notamment les équipements liés aux énergies, électricité et climatisation, CVC, etc., « hors les matériels vidéo », précise Armando Cardoso, du service de maintenance technique des bâtiments. C’est en effet un département « système et process » qui gère pour sa part toute la partie technique audio et vidéo liée à l’enregistrement et à la diffusion à l’antenne, les caméras, les équipements de prise de son et autres. Par ailleurs, la maintenance des équipements de sûreté et sécurité est gérée par un service spécifique, la DAGS. A noter que le service maintenance peut également être sollicité par le service des travaux afin de s’assurer de la maintenabilité des nouveaux équipements. « Il faut, par exemple, s’assurer que de nouveaux tuyaux seront bien accessibles aux plombiers… », précise M. Cardoso. A côté des services de maintenance et de travaux, existent aussi des services logistique (courses et courrier) et agencement (déménagement et aménagement de locaux en fonction des changements d’affectation). « The show must go on » En aval aux interventions, le service maintenance interne est composé pour sa part d’une dizaine de personnes. Sous la responsabilité de Dominique Cortes y Vilar, responsable de la maintenance technique du bâtiment, Armando Cardoso est l’administrateur de la base de données OptiMaint développée par l’éditeur Apisoft International. Cette base compte plus de 5000 références dont la codification a été soigneusement définie et dont la gestion est ainsi confiée à une seule personne pour éviter toute dérive. C’était une exigence de Dominique Cortes y Vilar, née de son expérience. Un atout de la codification dans OptiMaint est de suivre des familles et des sous-familles d’équipements, mais aussi de gérer des codes en aveugle et de permettre ainsi la traçabilité des équipements quand ils sont déplacés d’un lieu à un autre, sans les rattacher nécessairement à un emplacement géographique, « ce qui arrive régulièrement », commente Dominique Cortes y Vilar. Exprimm et 25 entreprises prestataires de maintenance Le service doit piloter les contrats de maintenance de quelque 25 entreprises prestataires extérieures. Il a particulièrement en charge la partie énergie et climatisation pour ce qui concerne le « process » que l’on distingue des équipements « confort » qui recouvrent les équipements à disposition des usagers individuels et des collaborateurs travaillant dans les bâtiments (climatiseurs, éclairage…). Les équipements de process sont à juste titre considérés comme particulièrement stratégiques et justifient ce statut à part puisqu’ils sont liés à la retransmission et à l’antenne, c'est-à-dire le cœur de métier et de la production pour une entreprise de 48 Juin 2012 - N°626

Maintenance Tertiaire télédiffusion comme TF1. La disponibilité des équipements doit naturellement être en permanence de 100% car la continuité de la diffusion doit être garantie en toute circonstance… « the show must go on », comme on dit dans l’univers du spectacle ! « Le coût d’une interruption de programme est chez nous tout à fait comparable à l’arrêt d’une chaîne de production dans l’industrie », prévient Dominique Cortes y Vilar. « La difficulté pour un prestataire de tertiaire conventionnel, c’est de comprendre que notre site a des exigences particulières, des nécessités de production quasi industrielle ». Les contrats de maintenance passés avec les prestataires imposent évidemment des obligations d’intervention rapide, les délais contractuels étant mesurés à l’heure et non à la journée comme dans la plupart des secteurs. Et la redondance des équipements est de rigueur, à l’exemple des 4 groupes électrogènes de 900 kVa chargés d’assurer la continuité d’une alimentation de secours. Une sécurité « ceinture et bretelles », en quelque sorte, qui passe aussi par un plan de maintenance prévisionnelle suivi au jour le jour, avec l’aide de l’outil GMAO. Si la maintenance des matériels, par ex. les onduleurs, est confiée à des prestataires techniques spécialisés, les niveaux 1 et 2 de maintenance et d’intervention courante sont assurés par Exprimm (société d’ETDE, appartenant au groupe Bouygues Immobilier) qui assure une présence permanente sur le site. L’équipe de maintenance Exprimm sur le site est composée d’une douzaine de techniciens représentant les qualifications nécessaires, climaticiens, électriciens, frigoristes, plombiers… Cette équipe a naturellement accès à la GMAO via un portail. La GMAO pour planifier le préventif, la GTC pour déclencher le curatif « Trois outils de GMAO se sont succédés sur le site TF1 depuis son inauguration en 1991. Le premier, GTAO de Gestec, sous DOS à l’époque, a parfaitement rempli son office. Il avait d’ailleurs été très bien très bien conçu pour nos métiers. En 2001 nous avons basculé sous Maximo de PSD, dans un environnement très différent » se souvient Dominique Cortes y Vilar. Il en souligne les points forts, la capacité de Maximo à être configurable, modifiable, paramétrable… mais il considère aujourd’hui que cet outil aux fonctionnalités très étendues, permettant même de faire de la gestion de patrimoine, n’était pas un bon choix. «Trop sophistiqué pour nos besoins : nous l’utilisions à 30% de ses capacités », regrette-t-il aujourd’hui, sans parler des déconvenues et d’un mauvais relationnel avec l’équipe de l’éditeur. Tout le contraire de ce qui se passe avec les représentants d’Apisoft et leur outil OptiMaint, parfaitement dédié et calibré pour la fonction et les métiers de maintenance technique du bâtiment. Le process est notamment constitué des équipements de production d’eau glacée et de refroidissement. Les tours aéroréfrigérantes sont soumises à des prélèvements toutes les huit semaines pour la prévention des légionnelles. « Toutes les visites réglementaires sont scrupuleusement respectées », précise Armando Cardoso, poursuivant : « la GMAO est l’outil qui nous permet de générer les bons de travaux ». Classiquement, à chacun des 5000 équipements du site sont affecté des gammes de maintenance associées à une fréquence de visites. Ainsi, les filtres des réseaux sont changés tous les six mois, une fréquence décidée par le service maintenance. Selon les paramètres mis en œuvre par la maintenance, les bons de travaux sont émis trois semaines avant l’intervention programmée. Ils sont alors mis en planification et intégrés au plan de travaux des équipes de maintenance en fonction des ressources qui seront disponibles. Une personne, Thierry Barbiero, est dédié à cette fonction stratégique de planification. Le magasinier utilise tout naturellement OptiMaint pour suivre la gestion des stocks et les inventaires. Mais les commandes et la facturation passent ensuite par le responsable achats qui centralisent aussi les demandes d’achat (DA) passées par les prestataires et gère l’ensemble sous SAP. La réception des ma- Juin 2012 - N°626 49