Maintenance & Entreprise n° 648

PRATIQUE LA

PRATIQUE LA LUBRIFICATION : ÉLÉMENT CLÉ DE LA MAINTENANCE MULTINATIONALE Shell : des services au GTL Outre la production, la compagnie internationale Shell propose des services pour optimiser la consommation des lubrifiants. Grâce à sa recherche et développement, elle fait évoluer ses produits en liaison étroite avec les constructeurs et utilisateurs. Stéphane Cormier, responsable technique Lubrifiants, répond à nos questions. Stéphane CORMIER responsable technique Lubrifiants de Shell Maintenance & Entreprise : Quelles sont les activités et l’actualité de votre société ? Stéphane Cormier : Shell est une compagnie énergétique intégrée avec des activités pétro-gazières de l’amont à l’aval et dans les énergies renouvelables. L’entité Lubrifiants en France dispose de plusieurs activités : les carburants pour les stations-services et les cars, les bitumes pour les routes et le trading de matières premières. Concernant les lubrifiants, Shell dispose de produits Autos (moteurs pour les véhicules des particuliers), des huiles Moteurs pour les poids-lourds et différents produits industriels (de l’huile hydraulique à celle d’engrenage). Par ailleurs, le pétrole et le gaz produits par Shell sont transformés en différents lubrifiants. Enfin, Shell Lubrifiants est le numéro 1 mondial en volume et sa part de marché est de 12 %. M&E : Quels sont les enjeux de la lubrification ? S.C. : La lubrification concerne l’entretien et à la maintenance des installations de production généralement mécaniques. Elle évite donc des pannes des machines et des arrêts de production. Ainsi, la production peut être optimisée à travers les choix des lubrifiants plus ou moins techniques ou de la stratégie de maintenance qui peut baisser les coûts de la maintenance et éventuellement augmenter le rendement des machines. D’ailleurs, ce point occupe une place de plus en plus prégnante dans le milieu industriel. On se pose, en effet, la question : comment faire fonctionner mieux les machines et comment optimiser leur rendement en baissant leur consommation (énergie, consommable comme le lubrifiant ou les filtres par exemple). La lubrification a un impact prédominant dans le milieu industriel. M&E : Quels sont les effets de la lubrification ? S.C. : La lubrification permet de réduire le frottement entre des surfaces en mouvement et donc l’usure. Elle permet de réduire le contact entre les métaux des éléments en mouvement, de séparer ces éléments et de faciliter les mouvements entre ces pièces mobiles. M&E : Quels sont vos nouveaux lubrifiants ? S.C. : L’industrie (essentiellement de l’énergie) utilise de plus en plus des huiles de base de plus en plus nobles. Elle fait de plus en plus appel à des huiles minérales de groupe II à III. Ces dernières années, Shell a été innovant en pariant sur le fait qu’elle pouvait produire des huiles industrielles et moteurs à grande échelle à base de gaz naturel. Cette technologie s’appelle GTL (Gaz to Liquids). Nous produisons ainsi des matières premières, des huiles de base, des carburants… Ce gaz naturel est synthétisé dans des sites de production particuliers. Il est transformé pour en faire une matière première. La valeur ajoutée de ce gaz réside dans le fait qu’elle est plus pure que le pétrole qui contient beaucoup de polluants qu’on enlève lors des phases de raffinage. Le gaz est, en effet, naturellement propre. Cela permet d’obtenir un bénéfice encore plus grand que sur du pétrole raffiné ou d’autres produits synthétiques. Le GTL reste encore économiquement et techniquement intéressant. « Ces dernières années, Shell a été innovant en pariant sur le fait qu’elle pouvait produire des huiles industrielles et moteurs à grande échelle à base de gaz naturel. » Dans la gamme Shell, sur les 2 dernières années, nous avons lancé les gammes diélectriques Diala pour les transformateurs électriques. Nos clients sont, par exemple, EDF, General Electric, Alstom. 44 IMAINTENANCE & ENTREPRISE • N°648 • Janvier 2018

LA LUBRIFICATION : ÉLÉMENT CLÉ DE LA MAINTENANCE PRATIQUE © DR Quant à la gamme Turbo LS, elle est destinée aux turbines. Ses produits sont formulés exclusivement sur des bases GTL avec des avancées technologiques importantes, notamment sur la durée du produit et sa résistance à l’oxydation. Si la production se différencie en amont avec l’utilisation de l’huile de base type GTL, le reste du process de fabrication comme le mélange (blending) ne change pas. En 2018, ce mode de production sera appliqué à certaines références de la gamme Tellus des fluides hydrauliques. Nous utilisons cette technologie sur certains produits hydrauliques qui sont, en effet, des gammes assez courantes mais les clients comme les sidérurgistes et les plasturgistes qui ont des volumes d’hydrauliques assez conséquents, ont intérêt à faire appel à ces produits à valeur ajoutée. Ils pourront baisser leur consommation car la fréquence et la durée de vie du produit seront plus longues. Cela leur permettra donc d’augmenter les rendements. La productivité deviendra plus importante. Les machines tourneront mieux car les coefficients de frottement seront moindres. Par ailleurs, comme le marché industriel sera en mutation dans les 15 prochaines années comme celui de l’automobile auparavant, il utilisera des produits plus synthétiques. Il n’y a pas de restriction à l’usage des produits GTL sauf que la viscosité est assez basse. Or la viscosité de l’huile de base détermine les types d’application La gamme des fluides hydrauliques Tellus avec lequel le produit fini sera utilisé. Donc le GTL sera utilisé plus difficilement dans les huiles réducteurs. Son utilisation ne sera pas possible avec des huiles aux viscosités au-delà de 110 centistokes. On est alors limité à des huiles fluides (moteurs, hydrauliques, diélectriques, turbines…). M&E : Quelles sont les propriétés de GTL ? S.C. : Ses propriétés sont les résistances à l’oxydation et au craquage thermique. De plus, la faible volatilité entraîne une faible consommation du produit. Enfin, la propriété intrinsèque en fait un produit performant qui n’a pas besoin d’être beaucoup additivé. M&E : Comment ces nouveaux lubrifiants se différencient-ils de ceux de vos concurrents ? S.C. : Concernant l’innovation GTL, nous sommes le « driver » du marché. Nos concurrents ont opté des choix différents et se sont orientés vers des produits synthétiques techniquement intéressants mais plus chers. Mais dans le milieu industriel, la problématique du coût se pose toujours. Historiquement, les utilisateurs ont toujours fait appel à des produits à base minérale avec un rapport qualité/prix relativement bas. Or, Shell propose des produits très techniques avec des coûts très maîtrisés. « Concernant l’innovation GTL, nous sommes le « driver » du marché. » M&E : Quels sont les critères de choix des lubrifiants par les professionnels de la maintenance ? S.C. : Le choix est guidé par l’application, la recommandation du constructeur du matériel ou de la gamme. Généralement, le constructeur propose des références plus à des normes qu’à des marques. Shell fait donc un effort considérablement auprès des constructeurs. D’ailleurs, il est le numéro 1 en nombre de collaborations avec les constructeurs. Nous disposons, en effet, d’équipes dédiées à travers le monde qui prospectent auprès des constructeurs afin de définir le bon produit Shell pour leurs applications, d’être reconnu officiellement dans leurs documents techniques ou de travailler en partenariat pour développer des produits spécifiques. Ainsi, les produits Shell sont reconnus mondialement. De plus, la présence sur le terrain des grands donneurs d’ordre est importante. Nous accompagnons les clients dans MAINTENANCE & ENTREPRISE • N°648 • Janvier 2018 I45